mardi 21 août 2007





La statue représente Saint Roch montrant sa plaie à la jambe, et contrairement à la plupart des statues des saints, il regarde sur le côté gauche et non soit les yeux au ciel ou regardant à terre. La statue de Saint Roch était accompagnée d'un chien en bronze (disparu aujourd'hui).

L'emplacement de la chapelle restait le problème pour que l'œuvre de tout village puisse s'accomplir. Mais comme dans toute belle entreprise, des complications apparaissent : où allait-on ériger la chapelle ? . "Jusque-là, comme on le voit, tout s'arrangeait merveilleusement trop bien même car il faut à une bonne œuvre des contradictions. Il nous en vint d'assez fortes, mais qui ne ralentirent pourtant pas la marche des choses. Nous n'avions aucun terrain désigné pour y bâtir la chapelle. Je ne voulais pas la placer sur un bien communal parce que dans l'état de division où se trouve la commune, l'administration actuelle, en considération de l'opposition qui lui est perpétuellement faite, n'aurait pas voulu prendre sur elle de laisser bâtir une chapelle sur un terrain communal sans une autorisation en bonne et due forme. Mais passer par la filière de l'administration si encombrée d'obstacles, c'est se traîner plutôt que marcher, c'est s'exposer, en laissant refroidir l'ardeur des habitants à n'avoir plus rien d'eux que de l'indifférence…

M. le maire Doffenies m'avait offert un terrain tenant à sa maison et donnant sur le marais des Allués mais le trouvant trop petit pour mon plan, je l'ai refusé. Sachant que la plupart des fidèles désiraient voir bâtir leur chapelle au coin de la grande place entre les habitations de M. Hautecœur-Brouillard et Dubruille-Hautecœur. J'allai demander à M. Hautecœur-Brouillard l'angle de son jardin qui occupe cette position. Il m'accorda en présence de sa femme à qui la terre lui appartient et il était convenu que j'annoncerai cette donation le dimanche 22 juillet au cours de la messe. Mais quand le neveu revint, tous nos arrangements furent brisés et M. Hautecœur vint le samedi au soir me retirer la donation ou pour mieux dire, il eut l'imprudence de médire qu'il ne m'avait rien donné. On ne saurait croire combien cette déloyauté me fit de la peine. Une autre peine, et qui tenait de l'angoisse, c'était de n'avoir aucun emplacement à annoncer aux paroissiens que d'autre part, je pressais si vivement de mettre la main à l'œuvre lorsque le dimanche 22 juillet à cinq heures du matin, M. le vicaire m'apprit que les deux frères Dupont du marais des Allués désiraient donner un terrain vis-à-vis leurs portes et y tenant. Nous nous transportâmes aussitôt sur les lieux. La terre fut, en effet, donnée par les deux Dupont en présence de leurs femmes et comme elle était convenable, je l'acceptais et j'annonçais la donation à la première messe du dimanche 22 juillet. Ma joie ne devait pas durer longtemps à peine une demi-heure sitôt écoulée depuis la messe que Joseph Dupont vint comme Hautecœur violer son contrat, m'alléguant pour raison que s'il faisait une pareille chose, ses enfants le maudiraient et que d'ailleurs, n'ayant rien écrit, il n'était nullement tenu à garder ses conventions et je fus obligé, bon gré mal gré de publier à la seconde messe que je n'avais plus de terrain que Joseph Dupont me l'avait repris. Dire combien cette conduite indigne attira du mépris sur son auteur, c'est chose impossible ; toutefois, ce n'était là qu'un commencement des peines qui lui étaient réservées. Trois semaines environ après sa déplorable action, ses deux enfants âgés de deux ans moururent et leurs cadavres furent apportés ensemble dans l'église le dimanche, à la première messe, Joseph Dupont n'a plus d'enfants ! Ces deux morts si inattendus causèrent dans le village la terreur salutaire qu'occasionna dans l'église naissante la mort d'Ananias et de Saphire… L'important, au milieu de toutes ces contradictions, était de ne pas laisser décourager la paroisse. Je leur dis qu'habitué depuis longtemps à lutter et à combattre, je ne me laissais déconcerter par quoi que ce soit. Dès que j'avais entrepris quelque chose de bien, que j'espérais en Dieu et qu'il pourvoyerait… Tous ces discours et les circonstances qui les occasionnaient, enflammaient les désirs du peuple. On ne s'entretenait plus que de la chapelle Saint Roch. Aussi, mon espérance ne fut pas trompée. Immédiatement après la seconde messe, M. Pouille vint m'offrir un terrain. Le temps pressait, pourtant je ne me hâtais pas d'accepter la terre qui m'était offerte parce que d'abord, elle se trouvait tout à fait hors la voie de procession et en plus près d'un cabaret, celui de M. Tranchant-Boulanger. Je rendis compte de tout cela à la grande messe ajoutant que j'espérais mieux pour les vêpres. En Effet, M. Pouille vint me retrouver à midi pour me présenter la belle terre … mais il le fit avec une générosité digne de remarque. Vous pouvez, me dit-il, M. le curé choisir l'emplacement qui vous convient dans la pièce de terre et prendre hardiment tout ce qui vous est utile pour la chapelle. une aussi noble libéralité me fit bien au cœur et aux vêpres, je pus annoncer avec joie cet heureux dénouement à mes paroissiens. Là, leur dis-je, nous sommes sur un bon terrain, M. Pouille est un honnête homme, il ne dédira pas !"

Aucun commentaire: