vendredi 24 août 2007




"C'est alors que la famille Pouille-Défernez offrit donc le terrain situé, aujourd'hui "Rue Carpeaux" (anciennement Rue Saint Roch) où se trouve toujours la chapelle Saint Roch. Pourvu d'un beau terrain, d'une belle statue de Saint Roch et de matériaux suffisants, je posai la première pierre le lundi au matin 30 juillet et tous les ouvriers, les fermiers me secondèrent, si bien quelle fut terminée en douze jours de travail, c'est-à-dire le quatorze du mois d'août et bénite, comme je l'avais annoncé, le 16 du même mois, jour de Saint Roch."

Le jour de la Saint Roch, dès quatre heures du matin, une foule remplie d'enthousiasme s'occupait à tresser des guirlandes de fleurs, à élaborer des arcs de triomphe, à chercher des branches couvertes de feuillage, à les planter comme des haies vives, tout cela pour embellir les voies du passage de la procession.

"La bénédiction de la statue de Saint Roch et de la chapelle ne devait avoir lieu qu'à quatre heures de l'après-midi mais pour rendre la fête complète et pour attirer la bénédiction de Dieu sur la paroisse, j'ai voulu chanter à dix heures du matin une messe très solennelle. M. le curé de Château l'Abbaye et M. le Vicaire d'Hergnies y ont fait diacre et sous diacre. L'église était tellement pleine de peuple que M. le doyen de Notre Dame de Valenciennes m'a dit avoir eu peine à pénétrer jusqu'au chœur."


"A peine trois heures de l'après-midi avaient-elles sonné que déjà une multitude envahissait l'église et déjà une demi-heure avant les vêpres, une foule deux fois plus nombreuse que celle qui avait pu pénétrer dans l'intérieur de l'église stationnait sur son pourtour. Les personnes étaient entassées, empaquetées, l'air était si échaudé qu'on étouffait, le cœur faillissait à bien des personnes."

Pour abréger une situation si pénible, on ne chanta que le premier psaume des vêpres et le Magnificat puis le doyen bénit la statue de Saint Roch. L'Abbé Pouillaude fit un sermon qui fut écouté avec un recueillement vraiment admirable même de ceux qui étaient hors de l'église.

Aussitôt après le sermon, la procession défila non sans peine au milieu d'une foule trop compacte pour la laisser libre dans ses mouvements. Ce n'est qu'arrivée sur la place qu'elle put s'étendre et se développer à son aise. Alors elle présenta en des plus beaux, des plus majestueux, des plus religieux et des plus touchants spectacle que puisse contempler un chrétien, qu'on se figure lumineuse place d'Hergnies littéralement couverte d'une multitude, revêtue des plus beaux habits de fête, mais priant, mais recueillie et contemplant avec admiration la belle distribution et la marche solennelle de la profession qui la traversait en l'emmenant avec elle : huit bannières dont quatre rouges et quatre blanches, flottaient chacune devant, autant de statues de Saints comme pour leur servir d'étendards, les statues reflétaient au loin l'éclat de l'or dont elles sont recouvertes, tous les objets pieux portés par des hommes, des jeunes gens, des jeunes filles choisis parmi les familles les plus honorables du village ; marchaient devant la nouvelle statue de Saint Roch. L'Abbé Pouillaude écrivit : "pour moi, il me semblait alors que le ciel avait déporté plusieurs de ses habitants pour venir faire escorte au héros de notre fête, Saint Roch, et l'aller mettre en possession du monument qu'on venait d'ériger en son honneur".


On voyait encore devant la statue de Saint Roch, un groupe de jeunes filles revêtues de robes et de voiles blancs portaient en cérémonie, chacune un des objets donnés en présent à la nouvelle chapelle : une nappe et une garniture d'autel, neuf globes en verre, autant de beaux bouquets et de vases en porcelaine dorée, quatre chandeliers, en tout trente pièces différentes. Les maçons d'Hergnies, en récompense de leur courage et de zèle à bâtir la chapelle, avaient l'insigne honneur de porter la nouvelle statue et s'acquittaient de leur charge avec beaucoup de dignité. Un nombreux clergé composé de trois doyens, neuf prêtres, trois séminaristes venait ensuite, chantant des psaumes et enfin le conseil municipal fermait, avec la gravité qui lui convient, cette imposante marche.

Un soleil à demi voilé, dans un ciel pur toutefois, laissait tomber sur le cortège cette lumière douce qui donnait à tous les objets une teinte des plus agréable. L'air des plus serein donnait un souffle si léger qu'il balançait à peine mollement les bannières comme pour faire un charme, de plus en montrant les doux reflets de la soie, tout en permettant à la voix du clergé de porter dans tous les cœurs les sons de la prière et à la belle cloche du village d'annoncer au loin le bonheur de ses habitants.

Lorsque la chapelle fut bénie, la statue de Saint Roch et tous les dons qu'on lui avait offerts, furent déposés sur son autel. Un chœur de jeunes filles du village formé par les soins de M. Delcourt de Péruwelz et accompagné de six à huit instruments exécutèrent en trois parties un beau cantique en l'honneur de Saint Roch et la procession se remit en marche vers l'église pour y recevoir la bénédiction du Très Saint Sacrement après quoi tout le monde se retira joyeux
et édifié. Il était six heures et demie du soir.

Jamais les habitants d'Hergnies qui ont été témoins de cette auguste cérémonie n'en perdirent le souvenir.

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