dimanche 12 juillet 2015

Roch de Montpellier, un saint qui aimait la vie,

Qui est Roch de Montpellier ? De nombreuses églises de notre diocèse possèdent une statue de Saint Roch, un peu oubliée par les paroissiens. Or, en regardant de plus près, il semble être vieux, une barbe, un doigt montrant une tâche sur l’un de ses genoux et bien sûr, un chien portant un pain.
Il est un saint d’autrefois qu’on ne vénère plus de nos jours… Il y a bien l’expression ‘Sint Roch et sin quien’ qu’on entend encore parfois. Eh oui, l’expression est entrée dans le langage populaire signifiant, dans certains cas, deux personnes inséparables, toujours ensemble… Mais qui donc est ce Saint Roch ?
Il est né à Montpellier en 1350, dans une famille aisée. Dame Libère, sa mère et Sieur Jean Roch attendait depuis très longtemps l’arrivé de cet enfant et avait tant prié Dieu pour que leur bonheur soit comblé. À sa naissance, Roch porte sur sa poitrine, une marque en forme de croix. 
Roch est baigné, tout jeune, dans la charité que mettent en pratique ses parents en apportant nourriture et argent aux plus démunis. Il faut dire que nous sommes en pleine Guerre de cent ans et que le peuple soufre des querelles territoriales entre les royaumes de France et d’Angleterre.
À l’âge de 14 ans, Roch écoutera les recommandations de son père sur son lit de mort : ‘Mets-toi au service du Christ, soit bon pour les pauvres, multiplie les aumônes et soigne les malades’. Roch en fera la promesse et se rendra à l’université de Montpellier, réputée surtout pour la médecine. Malheureusement le sort s’acharne et il perd à son tour sa mère.
N’ayant plus rien qui le retient à Montpellier, Roch décide de tout distribuer sa fortune aux plus pauvres et part en pèlerinage vers Rome. Adolescent, il part avec son bâton de pèlerin sur des routes pleines de risques mais n’a pas peur car il place sa confiance dans le Christ. Il traverse la Provence puis les Alpes pour se rendre vars la Ville Sainte.
Il arrive à Acquapendente, à deux jours de marche de Rome. Hommes, femmes et enfants fuient la ville infestée par la peste. Mais Roch n’écoute pas les recommandations des villageois et décide de se mettre aux services des malades et tout particulièrement des pestiférés. Il se fait infirmier et il soigne tant de pauvres malheureux atteints par le terrible fléau qu’est la peste ; il les réconfortera en leur recommandant de mettre leur confiance en Dieu. Beaucoup survivront et attribueront leur guérison à ce très jeune infirmier qu’est Roch.
Une fois l’épidémie calmée, notre pèlerin reprend sa route vers la Ville Sainte. Mais une fois de plus la peste fait des ravages en la ville de Cesena, à 200 km de Rome. Roch sait que sa mission est de se mettre au service des plus malades et part vers cette ville où tant de pestiférés ont besoin d’être sauvés. Il est à nouveau infirmier et consolateur des mourants. Là aussi, beaucoup seront sauvés.
En 1368, il arrive enfin à Rome. La ville est dévastée par les guerres entre la Lombardie et les états pontificaux. Roch accomplit son pèlerinage dans les différents lieux saints de la chrétienté, il se confesse devant le grand pénitencier. Ce dernier a entendu parler ce pèlerin qui guérissait les malades et invite Roch a demeuré chez lui. Roch continue son pèlerinage selon les rites habituels.
Le cardinal pénitencier tombe malade et fait appeler Roch qui le guérira. Pour le remercier de sa guérison, le cardinal lui obtient une entrevue avec le Pape Urbain V. Après trois années à Rome, Roch entame son retour vers le Languedoc. Il s’arrête à Assise et se recueille sur la tombe de Saint François d’Assise.
Passant par Plaisance, la peste frappe à nouveau sur la population. Roch n’écoutant que son cœur, se met au service des malades et des pauvres. Une fois de plus, il guérit beaucoup de pestiférés et toute la ville vient le voir, et lui demande secours. Mais il aura tant soigné qu’un jour, lui-même sera atteint par le terrible fléau qu’est la peste. Roch se retire dans une forêt proche de Plaisance pour attendre la mort. Il met sa confiance en Dieu dans cette terrible épreuve qu’il passe. Mais Dieu ne veut pas que Roch meurt. Un chien vient se présenter à Roch avec un pain dans la gueule, lui dépose au pied et lui fait découvrir un cours d’eau. Roch a de quoi se nourrir et de quoi boire. Et chaque jour, le chien revient avec un pain pour Roch.
Ce manège va intriguer le maître du chien, qui va le suivre et découvrir Roch dans la forêt. Messire Gothard PALASTRELLI va se lier d’amitié avec Roch, revient souvent le voir et, un jour, décide de tout vendre, de tout donner aux pauvres et de prendre le bâton de pèlerin pour se rendre à Rome. Roch et Gothard feront un bout de chemin ensemble avant de se quitter au duché de Milan en proie à la guerre.
Aux approches de Voghera, Roch est arrêté comme espion et condamné au cachot. Il y restera cinq longues années durant lesquelles il apportera réconfort aux détenus présent avec lui dans la cellule. Le 15 août 1380, Roch demande au geôlier d’aller chercher un prêtre car il sait qu’il va mourir. Durant sa confession, le prêtre apprend que Roch est cousin avec les maîtres du château où il est détenu et montre la croix qu’il a sur la poitrine pour prouver ses dires. Il demande à son confesseur de garder le secret et de le laisser mourir inconnu.
Le lendemain 16 août, Roch rejoint la maison du Père, il a à peine 30 ans. Une lumière envahit le cachot où se trouve le corps. L’église de Voghera accueillera le corps de Roch. Durant les 40 années qui suivirent la mort du pèlerin Roch,  la population de Voghera et de la région vont venir prier sur le tombeau de Roch pour obtenir la guérison.
Saint Roch fut canonisé en 1414 lors du concile de Constance. Ce qui fera de Roch, un saint populaire, c’est le dévouement, sans condition, jusqu’à son propre épuisement et sa propre mort aux malades, aux pestiférés, aux pauvres et aux prisonniers.
L’histoire est belle mais, Roch a voulu mourir inconnu et aujourd’hui, nous ignorons son prénom. En effet, son père portait le nom de messire Jean ROCH et sa mère Dame Libère ROCH. En fait, notre saint n’a jamais cherché à être célèbre. Sa vie, il l’a consacré aux plus démunis et aux malades car il voyait en eux le visage du Christ. Ce jeune homme, mort sans doute trop tôt mais Dieu accorda à toutes celles et tous ceux qui invoquerait Roch d’obtenir la guérison. De la maison du Père, il est à l’écoute de nos prières.
Le culte de Saint Roch va se répandre à travers l’Europe et à travers le monde. Vers 1849, le Nord de la France est touché par le choléra et beaucoup meurent de cette terrible maladie. À Hergnies, comme dans de nombreuses villes, on se tourne vers Saint Roch. Après une neuvaine suivie par les hergnisiens, le choléra disparait. Le curé de l’époque, l’abbé POUILLAUDE décida d’acheter une nouvelle statue et le maire, M. DOFFENIES, décide de faire édifier une chapelle en l’honneur de Saint Roch. La famille POUILLE-DEFERNEZ offre le terrain pour construire le sanctuaire.
Le 16 août 1849, la nouvelle statue, plus belle et plus grande que l’ancienne, est bénie par le doyen de Notre Dame de Valenciennes dans une église trop petite pour accueillir une foule trop importante. La statue intègre une belle chapelle construite en quelques jours par les hergnisiens. L’autorisation de dire messe en cette chapelle fut obtenue de l’archevêché de Cambrai. Peu de temps après, une confrérie ‘Saint Roch’ fut fondée.
La chapelle fut entièrement restaurée en 1902. En 1906, lors des confiscations des biens de l'Église par l'État, la chapelle sera confiée au Bureau d'Aides Sociales. Les terrains attenants à la chapelle et faisant partis de l'édifice offert par la famille POUILLE-DÉFERNEZ seront vendus par la suite.
En 1916, alors que le village d’Hergnies panse ses plaies après la première guerre mondiale, plus d’une centaine de personnes était présente aux cérémonies en l’honneur de Saint Roch. Après la seconde guerre mondiale, l’abbé Fabien CARLIER est chargé des offices et des chapelets dans la chapelle.
Après 1962, la chapelle tombe dans l’oubli et également en ruine. En 1981, M. André MARLIER ouvrit la chapelle et celle-ci fut malheureusement profanée le jour même.
Il faudra attendre le 9 avril 1982 pour que les jeunes du quartier de la chapelle, se lancent dans la restauration de l’édifice aidés par la suite par des adultes et par la municipalité d’Hergnies. Ces jeunes prendront le nom de ‘Compagnons de Saint Roch’. En 1983, les carmélites de Douai offre un manteau que portera Saint Roch lors des fêtes en son honneur. Le 9 avril 1985, trois ans après la réouverture de la chapelle, fut créée l’Association des Amis de Saint Roch d’Hergnies (adaroch). La même année, à Beauraing (Belgique) le Pape Jean Paul II bénit la bannière de l’association. Le 17 août 1985, la statue de Saint Roch regagne, après trois ans d’absence, sa chapelle restaurée. L’adaroch restaura 26 chapelles et oratoires en quelques années. L’abbé Fabien CARLIER assurera pendant plusieurs années les pèlerinages en l’honneur de Saint Roch. Il deviendra le premier président d’honneur de l’adaroch.
Pour fêter le 150e anniversaire de la construction de la chapelle, une troupe venant de Decazeville (Aveyron) vint présenter lors de trois représentations, ‘le Chemin de Roch’. Le 15 août 2001, le Carmel de Douai fit don, au président de l’adaroch, d’une relique du saint qui sera placé dans une chasse offerte par un bienfaiteur de Vieux-Condé.
Notre archevêque François GARNIER vint en 2005 et en 2009 pour fêter saint Roch avec les pèlerins de France et de Belgique. Ce fut également la venue en 2009 de la paroisse du Bienheureux François JAMET des vallées qui organise chaque année le Pardon de Saint Roch à Pont d’Ouilly (Calvados). Ce fut un grand moment de partage et de convivialité entre nos deux paroisses. L’année suivante, quelques membres de l’association prirent la direction de Pont d’Ouilly avec la relique de Saint Roch pour fêter dignement le saint thaumaturge.
Depuis l’an dernier, la statue de Saint Roch quitte sa chapelle en procession à la tombée de la nuit pour rejoindre l’église avec un temps de prière. Une quarantaine de personnes étaient présentes pour cette veillée à la lumière des cierges.
2015 marque ainsi le 30e anniversaire du pèlerinage et de l’association des Amis de Saint Roch d’Hergnies. Le samedi 29 août, nous vous donnons rendez-vous à la chapelle pour la procession nocturne amenant la statue vers l’église. Un diaporama racontant la vie de Saint Roch et présentant les temps de notre association sera présenté et sera accompagné d’un temps de prière.
Le lendemain, le dimanche 30 août, la messe, présidée par notre archevêque François Garnier, sera célébrée à 10h30. Les paroisses Saint François d’Assise en Douaisis et du bienheureux François Jamet des Vallées (Calvados), le comité Saint Roch d’Haulchin (Belgique) seront présents pour partager ces cérémonies en l’honneur de Saint Roch d’Hergnies.  Nous aurons la chance d’avoir la relique de Saint François prêtée par la paroisse Saint François d’Assise en Douaisis.
À l’issue de la cérémonie, les pèlerins auront la possibilité de prendre leur repas sorti du sac avant la procession qui partira de l’église vers 15h00 pour rejoindre la chapelle Saint Roch, rue Carpeaux. Les reliques de Saint Roch de Montpellier et de Saint François d’Assise parcourront les rues d’Hergnies. À la chapelle, le clergé bénira les animaux de compagnie et les pains de Saint Roch.

La paroisse Saint François en Val d’Escaut et l’adaroch seraient heureux de vous accueillir pour un grand moment de partage et de convivialité. Alors n’oubliez-pas le samedi 29 et le dimanche 30 août pour fêter ensemble Saint Roch.