lundi 20 août 2007

Histoire de la chapelle Saint Roch d'Hergnies






A la mémoire de l'abbé Fabien Carlier et à l'abbé François Pouillaude



En 1849, Hergnies, comme dans une grande partie des villes du Nord de la France, subissait les ravages du choléra. Beaucoup de personnes mouraient de cette maladie contagieuse. Ce fléau toucha notre village et plus particulièrement durant le mois de juillet 1849.


D'après les recherches de M. Bauvois, en 1849, les registres d'état civil indiquent 141 décès cette année-là au lieu de 55 à 60 décès enregistrés en moyenne pour les autres années, sur une population de 3.000 habitants. Sur le mois de juillet 1849, on enregistre 23 décès (de moyenne d'âge : 36 ans) et 18 décès au mois d'août.


A cette époque, la médecine ne pouvait guérir ces pauvres gens. Le seul remède fut de prier Saint Roch. L'Abbé Pouillaude, alors curé de la paroisse d'Hergnies, proposa de réciter une neuvaine en l'honneur du saint guérisseur pour le 11 juillet à l'effet d'obtenir la cessation du fléau. "Une estrade superbe destinée à recevoir l'ancienne statue de Saint Roch et à l'offrir pendant neuf jours à la vénération des fidèles, fut déposée en avant du chœur près de la balustrade. Deux exercices publics furent donnés chaque jour pendant la neuvaine ; l'un à six heures du matin, l'autre à huit heures le soir. Au premier, on chantait après la première messe les litanies à la sainte Vierge, puis tout le clergé allait processionnellement à l'autel Saint Roch. Le célébrant encensait la statue du sain et on terminait par l'antienne et l'oraison en son honneur. Au second exercice, j'ai d'abord pour inciter la dévotion des fidèles, lu, en deux fois la vie de Saint Roch tirée des exercices de piété… et puis pour les inciter à la contrition et à la pratique d'une sainte Vie, je leur ai lu pendant les sept autres jours les motifs de contritions de M. Humbert, lesquels j'entremêlais des réflexions appropriées aux circonstances.


Après la lecture, on récitait auprès de la statue de Saint Roch les litanies des saints et toutes les prières qui suivent (en français) puis on chantait l'antienne et l'oraison propre du saint, on encensait la statue et enfin on allait terminait l'exercice par la bénédiction du saint Sacrement au chant du Parce Domine. La neuvaine a été bien suivie, l'église regorgeait de monde à chaque exercice, surtout à celui du soir et j'ai tout croire qu'on a bien profité des instructions qu'on écoutait toujours avec la plus religieuse attention, ce qui me donne à espérer qu'un jour, les saluts du carême seront bien fréquentés".


Saint Roch ne resta pas sourd à l'appel des Hergnisiens qui l'invoquaient. "Une chose bien remarquable et surtout bien consolante, c'est qu'à dater de l'ouverture de la neuvaine nous n'avons pas eu, pendant trois semaines, un seul cas de choléra. Depuis lors jusqu'au 15 septembre, nous avons bien eu à la vérité, plusieurs cas et quelques morts, mais qui ne présentaient plus les caractères alarmants qu'offrait l'épidémie à son début."


L'abbé Pouillaude proposa l'achat d'une nouvelle statue; "On a vu plus haut qu'avant l'invasion du choléra à Hergnies. J'avais fait une quête à l'église pour la restauration de l'ancienne statue de Saint Roch et que cette quête avait rapporté 29 F. Voyant les habitants si bien disposés pendant la neuvaine, je leur proposais quelque chose de mieux : c'était de faire offrande à Saint Roch d'une nouvelle statue mais plus grande et plus belle que l'ancienne. A cet effet, j'ai fait placer un plat sur l'autel de Saint Roch et exhorté les fidèles à y aller déposer leurs dons. 49 F ont été ainsi recueillis pendant la neuvaine".


Pour remercier Saint Roch, le maire d'Hergnies, M. Doffenies, lança une souscription pour la construction d'une chapelle. "…Mais sur ces contrefaits, voilà qu'une proposition bien autrement importante, émise par monsieur le maire Doffenies, circulait dans tout le village. Il s'agissait de bâtir une chapelle à Saint Roch. J'allai trouver M. le maire pour savoir de lui si ces bruits avaient quelques fondements et j'appris avec joie, que non seulement ils étaient fondés mais même que M. le maire était disposé à faire en personne une souscription dans tout le village pour l'érection de la chapelle. En conséquence à l'instruction de la clôture de la neuvaine, j'annonçais le dessin de bâtir une chapelle et l'ouverture d'une souscription. Dès le lendemain matin, vendredi 20 juillet, M. Doffenies accompagné de M. le vicaire se mit en à parcourir le marais à bosser et le long marais, M. Jurion (charron) et M. Henri Durieux allèrent au Rieu de Condé, pour moi et M. Sinaf le tour de la place. En moins de deux jours, notre souscription terminée montait avec les dons pour la statue de Saint Roch à la somme de sept cents dix francs soixante quinze centimes.


De plus tous les transports de matériaux, toutes les pierres, tout le bois excepté le chêne, douze mille briques environ, ainsi que la main d'œuvre (ouvriers maçons, maréchal, charpentier, menuisier) ont été promis à titre gratuit. Nous pouvons donc commencer un bel ouvrage avec la certitude d'avoir les moyens de la terminer. Pour amener tout mon monde, j'annonce qu'il faut que la chapelle soit terminée pour le 16 du mois d'août, jour de la fête de Saint Roch, pour que rien ne manque à la réalisation d'une si belle entreprise. J'irai, pendant que les fermiers s'empresseront d'amasser les matériaux nécessaires, j'irai, dis-je, à Lille pour faire l'acquisition d'une statue de Saint Roch. J'achetai en effet dans ce voyage la belle statue que nous avons, chez Dammann pour la somme de 160 F".


Mais il fallait d'abord trouver un lieu pour édifier la chapelle, lieu devant se trouver sur le passage des processions (3 par an à cette époque).

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